mardi 26 janvier 2010

De l'évolution du système international par Internet

Un de mes premiers mémoires portait le titre, un peu prétentieux, de "Internet : une nouvelle dimension du système International" (disponible sur www.cidris.fr). Son objectif était de démontrer qu'au-delà des questions de mondialisation ou de société de l'information, le réseau portait en lui les capacités d'influer profondément sur les questions agitant la scène internationale.

Ainsi, le cas de la gouvernance internet fournissait un exemple idéal de structures originales inter-agissant à tout niveau au profit d'une forme de gestion de l'infrastructure.

Les récentes attaques informatiques enregistrées contre Google, Baidu et diverses autres organisations sont intéressantes car elles sont clairement un moyen de lutte "POUR" l'information mais également "PAR" (revendication, hacktivisme) et "CONTRE" (défaçage, déni de service, modifications des DNS).

Néanmoins, les attaques informatiques ne sont pas rares. Celles-ci possèdent pourtant une "saveur" encore rare. En effet, l'implication directe d'Hillary Clinton, Secrétaire d'Etat des USA (notre ministre des affaires étrangères), son discours relativement agressif sont plus nouveaux.

De même, Pékin, de son côté a rétorqué qu'il n'y était pour rien, a tenu à ré-affirmer son engagement dans la lutte contre la cybercriminalité et a même accusé les Etats-Unis d'attaques informatiques.

Désormais, les attaques informatiques mobilisent les hautes-sphères du pouvoir...Même si, selon plusieurs auteurs, ces mêmes sphères ne peuvent que s'invectiver : l'absence de politique de réponse, voire de rétorsion, et de la doctrine associée interdit tout autre acte.

Certains ont parlé de Guerre Froide : la tonalité du discours de Mme CLINTON aurait en effet de faux airs de rhétorique atlantiste accusant le "Rouge". Si l'on devait citer 3 caractères de la Guerre Froide, que dirions-nous : deux hyper-puissances, des affrontements larvés et indirects et le spectre de la bombe atomique...

Résumons-nous : nous avons 2 puissances (une déclinante, une croissante) et plusieurs qui rôdent aux alentours, des affrontements indirects (par la voie informatique) et si le spectre de la bombe demeure, sa prégnance est différente quoique toujours "monstrueuse".

Parler de Guerre Froide est donc un peu délicat : on ne reproduit jamais totalement un modèle historique. Les conséquences paraissent plus intéressantes.

En effet, rappelons-nous que, depuis son arrivée, le Président OBAMA a multiplié les actes et création en faveur d'une multiple capacité de lutte informatique, offensive et défensive. De nombreuses unités "cyber" ont vu ou revu le jour, un commandement stratégique a été crée et la NSA a vu son pouvoir renforcé. A tel point que le Congrès s'en inquiète.

La démarche suivante, dangereuse pour tous, serait la définition d'une politique et d'une doctrine de répression ou rétorsion, réclamée par plusieurs, et qui pourrait avoir de très lourds effets collatéraux.

Au niveau de la gouvernance, le directeur de l'ICANN reste un américain et malgré son tropisme à priori libéral, il est également l'ancien directeur, rapidement démissionnaire, d'un centre de lutte informatique défensive du DHS. Enfin, les propos de Mme CLINTON sont clairs : les USA sont le berceau de l'Internet et il leur appartient de le défendre.

Comprenez : "nous sommes en "guerre" (informatique ou vs. le terrorisme..), on doit se serrer les coudes et on partagera les responsabilités après"...

Et bien, c'est fait, tout est dit. Nous avons les militaires, les diplomates (cela suffirait à R. ARON), les espions, l'ONU (par la gouvernance), l'ennemi, les intérêts économiques (la stratégie Google)...Un beau "bouillon" de politique internationale..

On sera d'accord je crois : Internet est bien une dimension du système international (AMHA encore une fois ;) )

Sources :

http://fcw.com/Articles/2010/01/25/BUZZ-Google-China-ultimatum.aspx?Page=1

http://www.foreignpolicy.com/articles/2010/01/21/internet_freedom?print=yes&hidecomments=yes&page=full

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