vendredi 12 février 2010

Un peu de géopolitique des interconnexions !

La tendance naturelle des analyses en matière de cyberconflits est de focaliser à des niveaux relativement élevés des réseaux.

Cette tendance tend à oublier parfois les composants très physiques d'Internet que sont les machines : routeurs, serveurs...et surtout les câbles qui assurent les interconnexions.

Fort heureusement, des acteurs comme Renesys ou encore Arbor Networks ne se font pas faute de nous rappeler que les enjeux sont présents à ce niveau également.

Renesys propose ainsi aujourd'hui une analyse quasi-géopolitique des méthodes et moyens de connectivité de l'Iran à l'internet global. Il fournit ainsi, sans le savoir car c'est l'apport de l'auteur, un cadre de comparaison pour les tendances actuelles de notre gouvernement.

Les contraintes de l'Iran sont les suivantes :

- assurer un niveau d'interconnexion d'une qualité correspondant à une économie en plein développement : les réseaux doivent soutenir le développement

- maintenir un niveau de contrôle propre à satisfaire les ambitions de contrôle et de modérations politique (censure...)

- assurer une redondance des réseaux, à des fins plutôt militaires, en cas de conflits ou pour éviter de factoriser les craintes géopolitiques.

Le résultat est le suivant :



On constate ainsi que :

=> une certaine redondance est assurée. Un passage par la Russie garantit un accès à l'Asie et une qualité certaine (depuis peu mais bien réelle car ils ont utilisé les infrastructures existantes des pipe-line !). Le passage par la Turquie est un facteur confortant car la Turquie tend à soutenir discrètement le pays selon l'article, et donne l'accès à l'Europe. Enfin, le câble du sud permet d'accéder à l'Asie par un chemin tiers et vers les plus importantes interconnexions de la région.

=> Le nombre d'interconnexions favorise une qualité d'assez haut niveau d'autant que les deux opérateurs russes et turques (notamment turques) sont des lieux de passages importants pour les câbles.

=> Cependant, les interconnexions sont, au final, assez limitées et constitue des points d'étranglement qui favorisent les opérations de contrôles ou de censures. On explique ainsi plus facilement que Gmail puisse être très difficilement accessible si le gouvernement a essayé de le bloquer.

Cela nous instruit cependant. En effet, la LOPPSI2 française actuellement en discussion prévoit le blocage et/ou le filtrage de certains sites jugés illégaux. Or, l'histoire récente de l'Iran nous montre que malgré toute la préparation, toute la volonté du gouvernement, il a été impossible de bloquer totalement les facebook, twitter et autres qui ont permis au monde d'être informés et aux insurgés de se révolter.

Observons ceci :



Le schéma nous montre que les hypothèses valables en Iran sont faussées pour le cas européen. Ce schéma montre la diversité et l'importance des réseaux de télécommunication et pourtant, il faut considérer par ailleurs, les infrastructures de transports propres aux opérateurs mobiles.

Sans vouloir tout à fait remettre en cause la faisabilité du filtrage, on se demande, dans ce contexte comment un tel blocage sera possible.

Cette géopolitique des réseaux est donc un critères d'analyse très intéressant révélant les tropismes politiques, économiques voire même militaires d'un pays et nous permet de nous interroger sur les menées du notre.

Source : http://www.renesys.com/blog/2010/02/irans-internet-the-geopolitics.shtml

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